Thématique : Épistémologie des systèmes complexes

Ou « comment » réaliser et appliquer la méthode scientifique dans le cadre des systèmes complexes, en publiant à 500 contributeurs dans 20 disciplines.

Contributeurs : Nicolas Brodu

Afin de réaliser les grands projets de demain et de répondre aux questions scientifiques posées par les systèmes complexes, il nous faut passer la barrière de la publication par quelques individus isolés et travailler de façon collaborative et pluridisciplinaire. Ce changement de pratique peut être grandement facilité, voire même tout simplement permis, par des outils et infrastructures permettant d’adapter et d’appliquer la méthodologie scientifique dans ce cadre nouveau.

Voici une proposition qu’il est possible d’intégrer dans l’infrastructure du campus numérique. Cette page sert de lieu de discussion sur comment mettre en œuvre une épistémologie des systèmes complexes. N’hésitez pas à commenter et ajouter vos idées. Le résultat sera intégré dans le document final sous une forme encore à définir, par exemple dans l’axe transverse «Infrastructures» du campus numérique qui comprendrait cette section ainsi que celle concernant les «Modèles intégrés».

L’infrastructure de recherche à mettre en œuvre comprendrait :

Un outil sur le modèle des wikis, amélioré. En plus de l’édition à plusieurs, il faut également un mécanisme pour assurer l’authentification (ex: clef de cryptographie privée, à valeur légale dans de nombreux pays) ainsi qu’un système de versions généralisé (historique de l’article + commentaires + données utilisées + code des expériences). Mais également des outils pour gérer et améliorer la bibliographie, rentrer des formules de math, etc. Bref, un système d’édition collaborative dédié à la rédaction scientifique, assurant tant la paternité des idées que leur expression facile en ligne et leur diffusion. Et un moteur de recherche très efficace pour voir dans les références si une idée existe déjà, ainsi que dans les articles en cours de construction (cf point suivant). Le tout avec une interface réellement utilisable par des non-informaticiens…

Un « marché des articles en cours ». Que chacun puisse proposer une idée nouvelle et commencer un article, avec le système détectant automatiquement les articles similaires en cours de construction pour proposer de les fusionner (analyse sémantique). Ceci permettrait de travailler

potentiellement à beaucoup, d’éviter la frustration de voir une initiative similaire « publiée » avant soi, tout en gardant les paternités. Et tout en réduisant les risques de fraudes : toute tentative de copier/coller ou d’idées trop similaires serait détectée par le système et annoncée aux participants de chaque initiative similaire. Rien n’empêche également le système de fouiller d’autre bases de données comme arXiv à la recherche de similitudes.

Une possibilité également comme dans les « forges » logicielles de poster des annonces à la communauté, style « on cherche un spécialiste de XYZ », ou alors « on propose des données nouvelles sur XYZ, appel à participation pour le dépouillement ».

Quand un article/projet est suffisament abouti, les auteurs peuvent décider de le figer et le soumettre. Une fois accepté il entre dans les base de données bibliographique classiques (HAL, ArXiv, …), avec comme bonus dans la nouvelle infrastructure les traces et historiques des commentaires, fausses pistes tentées, etc, qui ont menées à sa construction. Plutôt que juste un PDF sur le site d’un éditeur qui ne garde rien de l’histoire de l’article. Problème de confidentialité ? de navigabilité dans l’historique ?

À terme un système de publication gérant le peer-reviewing au sein du système, et utilisant les dernières avancées en graphes de communautés pour s’assurer que le peer-reviewing ne devienne pas du copinage. Note: la notion même de peer-reviewing est à redéfinir si 5000 contributeurs soumettent un article. Il devient alors difficile de trouver 3 ou 4 reviewers dans le domaine, n’ayant à la fois pas contribué au projet et disposant des compétences pour juger le travail de 5000 autres personnes…

Les articles produits seraient en Creative Commons, soit aucun coût d’accès à la connaissance. Les coûts récurrents (travail d’édition, communication et animation, hébergement, équipe d’ingénieurs pour maintenir le système, etc.) seraient supportés en amont, chaque labo/organisation participant pour entrer dans le système, plutôt que pour accéder aux articles des éditeurs comme dans le système actuel. Les contributeurs à titre individuel ne paieraient rien pour obtenir un compte dans le système. Paierait seulement qui veut apparaître dans la liste des « affiliations » à un individu, ce qui résoud implicitement les cas des étudiants (affiliés) et des chômeurs/chercheurs précaires/isolés à l’étranger (pouvant soumettre à titre individuel), tout en jouant sur le fait que les labos/universités vont vouloir apparaître tôt ou tard (surtout si on publie un classement actualisé mensuellement des contributions par affiliation…).

C’est assez utopique, ça impliquerait un changement de pratiques conséquent, mais ça permettrait certainement des articles à 500 ou 5000. En fait, le souci n’est pas technique (c’est faisable avec les technologies actuelles, moyennant du temps et de l’argent pour mettre le système en place) mais surtout de convaincre/motiver une communauté suffisante pour l’utiliser et démarrer le processus : comme tout réseau de ce type, l’intérêt pour un nouvel entrant de participer au système dépend grandement du nombre d’utilisateurs existants. Le challenge serait ensuite de changer la façon de juger les gens par indice bibliométrique… ce qui est encore moins évident. Mais on peut rêver : qui ne tente rien n’a rien, et c’est souvent en lançant une dynamique qu’on fait évoluer les choses, même si on y arrive pas du premier coup 🙂

Références

Ne pas oublier le « Specific Program: Cooperation » du « FP7 »:

http://cordis.europa.eu/fp7/cooperation/home_en.html

Peut-être se rattacher aux initiatives existantes : What are e-Infrastructures?
Proposer un Flagship sur le sujet dans le cadre du programme Européen Future and Emergent Technologies – Proactive.

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