difficulté de formuler des modèles intégrés pour ce type de systèmes semble intrinsèque; l’universalité de l’émergence et, a fortiori, des méthodes mathématiques pour modéliser des comportements émergent, peuvent donc être questionnés. Il faudra préciser quel est le domaine de validité de l’utilisation des modèles intégrés, et quelles en sont les conditions.
Conditions aux bords et questions d’identité
Pour pouvoir faire des prédictions concernant des systèmes particuliers, la connaissance des conditions aux bords est nécessaire: la connaissance des dynamiques à tous les niveaux d’un modèle intégré n’est pas suffisante. En fait, la non-connaissance des conditions aux bords, pose de problèmes sur l’identité même du système et sur sa localisation.
La question du «Bateau de Thésée» (une fois que toutes les pièces du bateau ont été remplacées, est-ce le même bateau ?) et ses variantes :
1. n’a pas forcément d’implication pratique sur les niveaux inférieurs, les composants du modèle; 2. a des conséquences éthiques en ce qui concerne les systèmes intégrés avec leur identité propre (ex: remplacement d’une partie du cerveau par une simulation, expérience sur les hypothalamus dégénérés de rats qui retrouvent une partie de leur comportement)
3. est liée à la question de l’autonomie, des relations avec les limites du système, des flux entrée /sortie (Prigogine & open-dissipative).
Déterminisme et stochasticité
Si j’ai un système dynamique, je peux toujours imaginer qu’il est perturbé par l’extérieur et je peux jouer entre déterminisme et stochastique. On peut avoir de la stochasticité à un niveau et du déterminisme au niveau supérieur. Également on peut avoir l’émergence du continu : des éléments microscopiques séparés et discrets, mais une modélisation macroscopique continue. E.g. : des bactéries mangent de la nourriture qui n’est pas distribuée de façon uniforme sur l’ensemble du milieu. On modélise de façon uniforme et on ajoute un coefficient de diffusion stochastique. Cela donne une équation différentielle à dérivées partielles stochastiques.
La distribution de Schwartz, par exemple, est très difficile à maîtriser, mais c’est un bon outil pour passer de l’échelle micro à l’échelle macro.
2.1.4.3. Ethique des modèles intégrés
L’un des buts des modèles intégrés est de jeter des ponts entre ingénierie et société. « Si le savoir peut créer des problèmes, ce n’est pas l’ignorance qui les résoudra. » (L’univers de la science, Isaac Asimov, éd. InterÉditions, 1986, p. 15.)
Le manque de modèles intégrés dans plusieurs domaines pousse à appliquer systématiquement le principe de précaution, ce qui freine les avancées scientifiques.
C’est une obligation éthique d’essayer de connaître quelque chose à toutes les échelles d’un domaine d’étude. Cela permettra de palier les problèmes des connaissances mal partagées, et de l’isolement scientifique. Cette obligation éthique est de plus en accord avec les jurisprudences qui font obligation pour un concepteur de connaître tout au moment de la conception d’un artefact. La certification du modèle intégré dans une recherche particulière avec la dynamique des incertitudes liées à la masse des données utilisées sera d’un grand apport dans toute question faisant intervenir la justice.
La science des systèmes complexes, par l’usage des modèles intégrés qu’elle emploie, permettra de mieux cerner les risques, de lancer des alertes dans des situations sociales diverses et variées. Par exemple dans le cadre de la santé, des modèles intégrés d’addiction sociale, comme